Bali

Publié le par Ben & Marco

Nous sommes en 2008 ap. J.-C., toute l'Indonesie est convertie a l'Islam...  Toute ? Non ! Une ile peuplee d'irreductibles hindouistes (L'Hindouisme pour les Nuls) resiste encore et toujours a l'envahisseur coranique. Cette petite ile c'est Bali.
Bali, une ile bleue, verte, rouge et grise : un ciel d'azur, des rizieres a perte de vue et, a chaque coin de rue, des temples en briques gardees par de terrifiantes statues. Ici, ce n'est donc pas par l'appel a la priere du muezzin que vous serez reveille au milieu de la nuit mais par les aboiements sauvages des chiens du voisinage (il n'y que tres peu de canins dans le reste de l'Indonesie car, pour les musulmans, il s'agit d'un animal impur ; quant aux Batak de Sumatra et aux Toraja de Sulawesi, ils en ont mais ils les bouffent !). 

 


Impossible de manquer, devant chaque maison, les petits paniers tresses en feuilles de bananier, garnis de fleurs et de riz et deposes en offrande aux dieux, mais qui bien souvent ravissent davantage les colonies de fourmis et les hymenopteres de passage. Impossible de manquer egalement les innombrables sanctuaires qui poussent a tous les carrefours et peuples les trottoirs de creatures merveilleuses.






Bali, nous l'avons decouverte en nous arretant presque au hasard dans une petite ville entre Gilimanuk (le port d'arrivee du ferry depuis Java) et Denpasar : Tabanan. Comme a notre habitude, nous debarquons a huit heures du soir dans un terminal de bus a cinq kilometres du centre ville sans savoir ou dormir (et cette fois sans plan de la ville). Contre quelques milliers de rupiah, un commercant nous debarque en ville devant l'Hotel Tabanan. Soulages, nous nous rendons a la reception, prets a deposer nos lourds fardeaux : "Full, mister". Donc on repart et on echoue sur un bout de trottoir, en n'ayant pas la moindre idee de la direction a prendre quand soudain, semblant crever la nuit, et venant de nulle part, surgit une moto noire avec, dessus, nos deux anges gardiens, Made Mastini et son mari Putu Putrawan, qui, en moins de dix minutes, nous trouvent un hotel, nous y deposent l'un apres l'autre en moto (faut dire que l'hotel etait au moins a cinquante metres...) et nous invitent a leur rendre visite dans les prochains jours. Mais cette visite sera quelque peu retardee par un nouveau rebondissement dans ce voyage riche en surprises car, apres nous etre ressources sur une plage de sable noir deserte au bord de l'Ocean Indien (endroit propice aux coups de soleil)...

 

 

...et nous etre, le lendemain, prelasses mollement dans les jardins du sanctuaire de Taman Ayun, Marco, trouvant que tout cela manquait un peu de piment, decida de rompre avec l'ecoeurante facilite de ce sejour paisible et se separa de sa precieuse sacoche contenant sa carte bleue, sa carte d'identite, son telephone portable et, cerise sur le gateau, son passeport. On retrouve nos habitudes. La course contre la montre s'engage alors : il faut controler tous les endroits susceptibles d'heberger les papiers fugueurs puis se resoudre a contacter l'agence consulaire qui nous aiguille vers le pos polisi afin de signaler la perte et vers le photographe agree du coin pour illustrer le nouveau passeport.
Cette peripetie administrative fut l'occasion de decouvrir a la fois les postes de police indonesiens (une salle avec une machine a ecrire, des sangles de cuir sur la table et une armoire a glace en uniforme) et la maison de retraite geante que constitue Sanur (la ville un peu a l'ecart de Denpasar ou se trouve le consulat francais) : des restaurants "Traditional Indonesian Food", des spas et des salons de massage, des Mercure Resort et des plages amenagees. Bref, un repaire de touristes, moins branche que Kuta et Lovina (sea, sex, surf and sun) et moins "culturel" qu'Ubud. Ubud, l'hypermarche de la culture balinaise : des jeunes en costume traditionnel vendent partout dans les rues des billets pour d'authentiques spectacles de danse traditionnelle tandis que des centaines de magasins tous identiques proposent des peintures modernes (inspirees par la peinture traditionnelle), des sculptures traditionnelles et des vetements traditionnels, le tout payable par Visa ou MasterCard. Dire que ca plait a certains...

 

 

D'ailleurs a ce propos, au moment meme ou nous ecrivions cette article, deux specimens passionnants et suisses se sont offerts a notre etude de typologie touristiques. Morceaux choisis de la conversation :

"La nourriture indonesienne c'est tout le temps la meme chose ; le bonheur quand on a trouve un Pizza Hut !"

"Jakarta c'est sale, c'est comme Bogor : ils ont un super jardin botanique mais c'est mal entretenu, ils pourraient faire des efforts pour les touristes !'

"On est tombe sur un jeune indonesien tres sympa qui veut bien nous servir de guide contre de l'argent. Il nous a emmenes chez lui, il nous a presentes a ses parents, ils nous ont fait manger des trucs degueulasses a la noix de coco mais c'etait tres convivial. On parle que quelques mots d'anglais mais on sent que le courant passe avec ce gars." Gars qui, une heure plus tard, au moment du repas au marche de nuit de Tabanan, glissera a Ben en indonesien, en parlant de la suisse : "Il faut qu'elle arrete de manger sinon elle va devenir laide... Tu comprends ?"

Publié dans Le carnet de voyage

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article